Nâzim Hikmet a écrit la plus grande partie de ses poèmes en prison. Une large partie d’entre eux ont été inspirés par sa femme Piraye. Ces textes lyriques, il les a appellé “poèmes de 21 à 22 heures” puisque chaque soir il lui écrivait des poèmes. Une manière pour lui de partager sa vie à travers les barreaux avec sa bien aimée; une manière de garder l’espoir….Un poète a toujours besoin d’une muse.
Tout ce que j’ai écrit sur nous est mensonge
Ce n’est pas ce qui a été entre nous mais ce que j’aurais voulu qui soit
C’étaient mes nostalgies posées sur des branches inaccessibles
C’était ma soif tirée du puits de mes rêves
C’étaient des images que je traçais sur la clarté
Tout ce que j’ai écrit sur nous est vrai
Ta beauté
C’est-à-dire une corbeille de fruits
ou un festin sur une table champêtre
Mon manque de toi
C’est-à-dire moi dernier lampion du dernier coin de la ville
Ma jalousie
C’est-à-dire ma course les yeux bandés la nuit parmi les trains
Mon bonheur
C’est-à-dire le fleuve ensoleillé rompant ses digues
Tout ce que j’ai écrit sur nous est mensonge
Tout est vrai de ce que j’ai écrit sur nous.
(9 septembre 1960)
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