“C’était un amour magnifique et extravagant. Vieux comme le monde. Fluide comme le temps. Lui-même en souriant disait qu’ils s’aimaient depuis deux siècles. Pour elle, n’existait que le temps d’avant lui et celui d’après. Le premier si court qu’il ne lui restait en mémoire que des souvenirs d’enfance. Le second temps rempli de cet évènement. De cet amour toutes-vices, toutes-conditions dans lequel elle s’égarait jours, nuits et mois dans la même atmosphère où s’entremêlaient tendresse et cruauté. Les années se confondant dans une prétendue eternité où s’enflammait cette passion qui dépassait le décorum auquel les autres essayaient de la réduire.
Si à peine sortie de l’enfance, elle avait cherché cet homme, l’avait elle cherché ou était-il venu à elle? Si elle continuait à le rechercher avec cette impatience irrépressible, tout en maintenant des amours parallèles, c’était parce que depuis toujours, seculo seculorum, de toute eternité et par la grâce du ciel, elle savait que la moitié d’elle-même qui lui donnait des ailes, demeurait en lui.
Elle l’avait donc toujours aimé.”
michèle voltaire marcelin
fragment inédit
Amours & Bagatelles
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