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Sans oublier, dans cette tourmente,
Lucrèce tranchant dans son vif ;
Drieu bourré de somnifères ;
Vian terrassé par une crise cardiaque ;
Molière trahi par son Malade Imaginaire ;
Mishima et Kawabata se faisant hara-kiri ;
Pessoa pris en flagrant de litres ;
Heredia entrant dans son dernier coma diabétique ;
Cravan dérivant au large du Mexique ;
Empédocle précipité dans un volcan ;
Montherlant se mettant aux abonnés absents ;
Ginsberg le pancréas en loques ;
Desnos et Max Jacob exterminés par les nazis ;
Blok et Khlebnikov lessivés par le régime soviétique ;
Frédérique accomplissant l’acte fatidique ;
La Fontaine corseté entre haire et cilice ;
Maupassant halluciné, syphilitique ;
Roussel sursaturé de barbituriques ;
Lecomte speedé tétanisé ;
Flaubert épileptique ;
Daumal tuberculo-mystique ;
Baillon déjanté, pétant les plombs ;
Breton suffoquant à Lariboisière ;
Podolski marchant dans les airs ;
Vuarnet défiant les oiseaux ;
Verlaine, poivrot, étendu sur le carreau ;
D’Annunzio encombré d’un caillot au cerveau ;
Richaud disant merde à Richaud ;
Cyrano le crâne fracassé par une poutre ;
Plath fichant sa tête dans la gazinière ;
Péguy, Pergaud rétamés à la guerre ;
Alain-Fournier tombé dans la même souricière;
Apollinaire piégé par une grippe meurtrière ;
Virginia Woolf s’enfonçant, lestée, dans la rivière ;
Proust asthmatique ;
Baudelaire hémiplégique et aphasique ;
Audiberti traînant son cancer aux tripes ;
Perros soliloquant par son ardoise magique ;
Oscar Wilde gommé par une méningite ;
Gary se débarrassant définitivement d’Ajar ;
Barthes et Folain happés par des chauffards ;
Milton podagre ;
Genet crevant tout seul loin de Lachare ;
Rigaut en faisant plus qu’un art, un chef-d’œuvre ;
Fritz Zorn appelant la camarde de tous ses vœux ;
Maurice Roche la prenant à son propre jeu ;
Duras écrivant simplement que c’est tout ;
Duprey se passant la corde au cou ;
Salabreuil poussé à bout, inespérant de tout ;
Gauvreau se défenestrant à Montréal ;
Nerval pendu dans une ruelle ;
Gogol affaibli réclamant une échelle ;
Maïakovski se faisant sauter la cervelle ;
Nietzsche hébété, gaga, dans son nirvana ;
Gide gâteux, rappelé à Dieu ;
Pansaers les testicules en feu ;
Kafka à bout de souffle ;
Prévert à court d’haleine ;
Schiller ou Tchekhov ne valant guère mieux ;
Racine taraudé par un abcès au foie ;
Pierre Louys surgonflé par l’emphysème ;
Essenine s’ouvrant les veines ;
Faulkner désarçonné de cheval à Byhalia ;
Camus scratché dans sa Facell Vega ;
Nimier enferraillé dans sa bagnole anglaise ;
Lucien rejoignant ses morts ad patres ;
Topor moins inextinguible que son rire ;
Sophocle mourant en mangeant du raisin ;
Malherbe consumé de chagrin ;
Guattari bien décidé à en finir ;
Voltaire épuisé ;
Scott surmené ;
Joyce l’intestin perforé ;
Morrison overdosé ;
Musset usé par ses excès ;
Ronsard désenchanté ;
Kerouac ivre d’alcool et d’amphétamine ;
Neal Cassady forçant sur la même bibine ;
Bousquet alité, shooté à la morphine ;
Deleuze en ayant plus qu’assez ;
Zola axphyxié par son feu de cheminée ;
Pasolini piétiné par de petites frappes ;
Villon disparaissant sans laisser de traces ;
Socrate buvant la ciguë jusqu’à la lie ;
Colette rabougrie par l’arthrose ;
Hugo en apothéose sur le char des pauvres ;
Lautréamont rattrapé par une épidémie ;
Achille Chavée les bronches en charpies ….
Jean-Pierre Verheggen
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