Ils m’ont menti, ceux qui m’ont dit un jour je serais plus tranquille.
Ils m’ont trompée. Rien ne meurt avec l’âge. Ni l’envie d’amour, ni celle des baisers. Et mon coeur fou me fait parfois oublier ce corps encombrant alourdi par les ans. Si facilement séduit pourtant, si passe de trop près, un homme aux yeux trop doux.
Et je tréssaille du même désir, cent fois retrouvé, quand un danseur me chavire, ses doigts agraffés à mon cou. Quelle chaleur soudain m’envahit à un éclat de rire? Me donne envie de mordre à pleines dents ces lèvres heureuses?
Ils m’ont menti. Je ne fais deuil de rien. J’ai dans mes jambes des envies de courses à perdre haleine dans les broussailles inondées de soleil, vert et ciel mélangés, cheveux défaits, épaules nues au vent. Des envies de culbutes aux membres emmêlés. De baisers dont la saveur serait celle de la pulpe des mangues, et m’empliraient la bouche de leur sirop de miel.
D’une langue qui aurait la fraîcheur de l’eau d’une fontaine. J’ai des envies de sexes durs comme du verre. Des envies de peau chaude et d’aisselles dont je lècherais le sel, et plus bas encore dans l’odeur de fougère. Je rêve à la brûlure si douce du sable à la plante des pieds. Du cri arraché au plaisir comme celui de l’oiseau soudain désencagé . J’ai dans mes mains des envies de caresses, dans mes oreilles, le doux gémir qui suit une nuque frôlée.
Et vous passez sans me voir , laissant flotter autour de moi votre parfum de bête libre. Sans savoir que mes yeux vous ont déjà appuyé contre ce mur, et mes bras cadenassé votre corps. Que je vous ai de la tête au pieds, comme une menthe, sucé . N’avez vous pas senti mes doigts dans vos cheveux?
Et du plus loin que je me garde, très loin de vous, lorsque je vous regarde, ne sentez-vous pas cette jouissance qui roule en moi ?
Vous ne savez donc pas qu’ils m’ont menti, ceux qui m’ont dit un jour, je serais plus tranquille?
Savez-vous aussi que je me perds tout entier, mille et une fois déjà, dans le dédale de vos cheveux fous de liberté?